IKF 2015

propositions n° 13

Proposition n° 13

Du bon usage de la fin du monde chez deux écrivains latins

Axe 3 : Narrations, argumentations et figurations du « durable » : paraboles et catastrophes : les figures et récits de catastrophes (littérature et philosophie antiques).

Pour les philosophes anciens, tant épicuriens que stoïciens, la fin de notre monde est pensée comme certaine et en quelque sorte programmée. Elle est dans la nature des choses : chez les Épicuriens lorsque chaque monde, constitué à partir d’un clinamen et d’un carambolage d’atomes, a peu à peu perdu ses constituants ; chez les Stoïciens à la fin d’un cycle, comparable au cycle des saisons, lorsque l’embrasement général, l’ekpurôsis, permet le renouvellement total d’où sort un monde purifié.

Non seulement cette fin n’est pas occasion d’épouvante, puisque le sage sait que seul le présent dépend de lui, mais elle a un caractère rassurant. L’effrayant n’est pas dans les phénomènes eux-mêmes, mais dans le regard et/ou dans l’imagination du stultus, l’« ignorant » ou non-sage : ce qui dans la nature lui paraît d’autant plus redoutable qu’imprévisible (séismes, éruptions, inondations…) prend un sens si on y reconnaît des signes d’une dégradation du monde qui, elle-même, s’inscrit dans une régularité. Le philosophe subsume le désordre apparent de notre microcosme dans l’ordre du macrocosme ; l’explication métaphysique triomphe de l’imprévisibilité du monde physique ; le durable fournit un arrière-plan pour l’aléatoire.

On montrera l’exploitation poétique de cette conception à partir de deux grands textes littéraires latins décrivant la fin du monde, l’un du poète épicurien Lucrèce (De rerum natura, V, 91-109), l’autre du philosophe stoïcien Sénèque (Questions Naturelles, II, 27-30). On verra comment, bien au-delà du souci de rassurer, le caractère grandiose (ou plutôt « sublime », dans le sens que donne au mot le traité anonyme du pseudo-Longin) de l’événement suscite l’enthousiasme du poète comme du philosophe. On n’oubliera pas que, dans la Maison Dorée de l’empereur Néron, poète et élève de Sénèque, « la principale salle à manger était ronde et tournait continuellement, le jour et la nuit, sur elle-même, comme le monde (uice mundi) » (Suétone, Néron, 31, 3) — alliance cosmique du merveilleux et du prévisible.

Armisen-Marchetti, Mireille, 2006, « Les Stoïciens ont-ils cru au déluge universel ? », in Le Monde et les Mots, Mélanges Germaine Aujac, Toulouse : Pallas, Presses Universitaires du Mirail, p. 323-338.

Berno, Francesca Romana, 2012, « Non solo acqua : elementi per un diluvio

universale », in M. Beretta et al. (éd.), Seneca e le scienze naturali, Florence : Leo S. Olschki, p. 49-68.

Boia, Lucian, 1989, La fin du monde. Une histoire sans fin, Paris : La Découverte.

Delarue, Fernand, 2006, « Sénèque lecteur d’Ovide et le traité Du sublime », Interférences, Ars Scribendi, 4 : htttp://ars-scribendi.ens-lsh.fr (consulté le 20.03.2015).

Dumas-Reungoat, Christine, 2001, La fin du monde : enquête sur l’origine du mythe, Paris : Les Belles Lettres.

Dupuis, Jean-Pierre, 2002, Pou un catastrophisme éclairé. Quand l’impossible devient certain, Paris : Seuil.

Thomas, Joël, 2004, « Mirabilia : tropismes de l’imaginaire antique », in O. Blanchi et al. (éd.), Conceptions et représentations de l’extraordinaire dans le monde antique, Berne : Peter Lang, p. 1-13

Toulze-Morisset, Françoise, 2004, « Sénèque s’étonne-t-il dans les Questions Naturelles ? », in O. Blanchi et al. (éd.), Conceptions et représentations de l’extraordinaire dans le monde antique, Berne : Peter Lang, p. 199-220.

 

 

 

 

 

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propositions n° 15

Proposition n° 15

Analyse sémiotique de L’Homme qui plantait des arbres  de Jean Giono, et un poème de Malek-Al-Soarayé Bahar : deux modèles littéraires franco-persans de formes de vie et mode d’existence ‘’durables‘’

Axe(s) à préciser

Cette communication aura pour objet de faire une étude sémiotique du discours littéraire. Le discours littéraire, qui a joué souvent un rôle de précurseur, nous a toujours invités à suivre une forme de vie et un mode d’existence fondés sur la raison, sur le sentiment de la solidarité avec les autres et avec la nature, et enfin sur l’éthique. A travers ces deux textes, L’homme qui plantait des arbres de Giono et un poème de Malek-Al- Soarayé Bahar, Digaran kachtand…, qui appartiennent à deux cultures différentes, d’une part, une analyse sémiotique nous permettra de découvrir, pour chacune des cultures, une éthique de l’environnement concernant la protection de la planète, des générations futures, du bien–être collectif et sa durabilité, et, d’autre part, d’illustrer cette idée que la littérature en « discursivisant » le monde propose par avance une véritable valeur transculturelle, une interdépendance existentielle. La biosphère et la sémiosphère comme le culturel et interculturel nous intéresseront pour illustrer le thème du colloque : les formes de vie et les modes d’existence ‘’durables’’.

Afeissa, Hicham-Stéphane, éd 2007, Ethique de l’environnement, nature, valeur, respect, Paris : Vrin

Philippe Descola, Ecologie des autres, anthropologie et la question de la nature. Paris : éd,  Quae. 2011.

Greimas A. J., Du sens, Essais sémiotiques, Seuil, 1970.

Fontanille Jacques, Pratiques sémiotiques, PUF, 2008.

Lotman Youri, « L’espace sémiotique, la notion de frontière », La Sémiosphère, PULIM, Limoges, 1999.

 

 

 

 

 

 

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propositions n° 17

Proposition n° 17

La durabilité en lumière : usages et contraintes de la « réduction de l’éclairage public »

Axe 1 : Discours et pratiques « durables »
Domaines : Analyse de discours, Information-Communication et Géographie

Au cœur des débats du Grenelle de l’environnement depuis 2007, la transition énergétique pose la question de l’utilisation rationnelle et efficace des ressources énergétiques et naturelles. Si nombre d’initiatives portent sur l’innovation et le déploiement des énergies durables, d’autres préconisent la sobriété énergétique. Toutes convergent vers le même objectif mais traduisent cependant des postures qui peuvent être contradictoires comme dans le cas de l’éclairage public où éclairer « propre », « moins cher» ou « intelligemment » (concept des Smart Cities) ne signifie pas forcément éclairer moins. Consécutivement aux différentes directives ministérielles et faisant écho à la loi Batho (Juillet 2013), les communes prennent aujourd’hui conscience de la nécessité de réduire l’éclairage public qui représente, selon l’ADEME, 50 % de leur consommation électrique. La problématique qui les anime s’inscrit en conséquence, dans une dynamique au confluent de l’innovation technologique (mise en place de nouveaux matériels, gestion temporelle, coûts), des contraintes organisationnelles (concertations citoyennes, périodes d’extinction des éclairages publics par exemple) et de l’acceptabilité sociale de la mutation des usages associés à la lumière. A ces considérations nouvelles, font face des préoccupations plus anciennes, comme celles de la protection de la nuit noire. Impulsé par les astronomes depuis les années 1970 face au développement industriel et au déploiement grandissant des halos lumineux autour des villes, le sujet est également rapidement devenu un objet de préoccupation chez les acteurs de la santé mais aussi chez les écologistes pour qui la lumière urbaine menace durablement les écosystèmes et la biodiversité. Différentes réponses sont apportées pour favoriser les initiatives de réduction de la pollution lumineuse mais aussi maîtriser les dépenses d’énergie, améliorer la qualité de vie des citoyens et préserver l’environnement. Ainsi, les différents labels de protection et de valorisation de la nuit noire y contribuent (Réserves Internationales de Ciel Etoilé, « Villes et Villages Etoilés »). Ces problématiques mobilisant de nombreux acteurs, l’objectif de cette étude est de contribuer à comprendre comment se matérialise, dans et par le discours, le débat autour de la réduction de la dépense énergétique via l’objet « Eclairage Public» et analyser les enjeux social, politique, économique et écologique qui la sous-tendent. Par une analyse quantitative (lexicométrie) et qualitative des discours, nous traiterons plus spécifiquement la question de  la mise en œuvre de la réduction de l’éclairage public et du traitement de la pollution lumineuse à partir d’un corpus d’articles médiatiques recueillis sur le web et à partir d’enquêtes de terrain réalisées auprès des élus et des citoyens, en cheminement vers ces pratiques.

ASPE C. et JACQUE M., 2012, Environnement et Société, Une analyse sociologique de la question environnementale, Paris : Editions de la Maison des Sciences de l’Homme, 279 p.

CHALLÉAT S. et LAPOSTOLLE D., 2014, « (Ré)concilier éclairage urbain et environnement noc- turne : les enjeux d’une controverse sociotechnique », Natures, Sciences, Sociétés, 22(4), pp. 317-328

CHALLÉAT S., 2011, « La nuit, une nouvelle question pour la géographie », Bulletin de l’Association de Géographes Français, n°2, vol. 88, pp. 183-196.

CHARLIER B. et BOURGEOIS N., 2013, « « Half the park is after dark » Les parcs et réserves de ciel étoilé : nouveaux concepts et outils de patrimonialisation de la nature », L’Espace Géographique, Vol. 42, numéro 3, pp. 200-212.

KRIEG-PLANQUE A., 2010, « La formule « Développement durable » un opérateur de neutralisation de la conflictualité », Langage et Société, 2010(4), n°134, pp.5 à 29

LEBART L. et SALEM A. (1994), Statistique Textuelle, Paris : Dunod, 342 p.

MOSER G. (2009), Psychologie environnementale : les relations homme-environnement, Paris : A. Colin, 298 p.

NOYER J., RAOUL B. et PAILLIART I. (dir.), 2013, Médias et Territoires. L’espace public entre communication et imaginaire territorial. Villeneuve d’Ascq : Presses Universitaires du Septentrion. 283 p.

 

 

 

 

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propositions n° 24

Proposition n° 24

Des modes d’interaction aux modes de vie durables : la stratégie performative des ONG sur le web

 Axe(s) à préciser

« (… ) La magie performative du pouvoir d’instituer, pouvoir de faire voir et de faire croire ou, en un mot, de faire reconnaître (…) » (Bourdieu : 1979, p.5) dont les ONG sont investies, s’appuie sur la défaillance individuelle dans la construction de valeurs durables pour l’existence. L’émergence d’instances relais garantes de valeurs collectives et transculturelles est dès lors légitimée par la nécessité d’agir pour le mieux vivre individuel et collectif.  La figuration par les ONG de ce que représente un mode de vie durable et des conséquences d’un non-investissement du collectif dans ce sens, engage une forme d’unification de la perception des valeurs d’engagement, de relation à l’autre et au monde. Lorsque ces valeurs sont transmises au sein de l’espace partagé du web, elles rejoignent et/ou confrontent la manière d’interagir de l’usager, la forme sensible de son expérience de l’acte, son expérience de « l’activité vivante » (évolutive dans l’espace numérique) et « vécue » (au moment de son interaction) (Fontanille : 2008, p.26).

Pour rendre compte des relations complexes entre l’ONG, comme instance énonciative légitimée, et l’usager, comme co-énonciateur pourvu d’une sensibilité perceptive propre (Landowski : 2005, p.44), nous proposons d’interroger les stratégies de transmission des ONG sur le web entre autorité, éthique et résistance.

La question de l’autorité vise à définir le périmètre légitime du plan d’expression de l’instance énonciative quand la question de l’éthique exige de faire partager, faire se rencontrer les valeurs de l’ONG avec les valeurs de l’usager dans l’espace numérique. Enfin, questionner la résistance de l’usager face à la stratégie c’est revenir à la pluralité des formes d’engagement occasionnant une pluralité de formes de vie face à l’appréhension et à la figuration de la notion de durable comme valeur transculturelle  pour nos modes d’existence d’aujourd’hui et à venir.

Notre approche se fonde ainsi sur deux questions :

(i) Comment l’ethos de l’ONG en tant que représentation morale au sens de mœurs, valeurs et imaginaire (Pignier : 2008, p.167 ), est-il mis en scène et légitimé dans le dispositif numérique ?

(ii) Comment la manière d’interagir de l’usager, engagé ainsi dans un processus de co-construction de sens, valorise ou dévalorise la stratégie performative de l’ONG ?

Ces stratégies performatives mettent en rapport l’action de l’usager dans l’espace numérique avec sa concrétisation dans la vie quotidienne (comme le geste de cliquer pour donner, remplir une pétition, partager une date de manifestation, témoigner d’une pollution, etc.). La mise en scène de ces stratégies est dépendante du degré d’interactivité configuré dans le dispositif  et du mode d’orchestration multimodale de l’interface. Enfin, leur potentiel d’influence est soumis au parcours d’interaction de l’usager.

Nous définissons dans cette analyse l’incidence du processus d’interaction de l’usager sur sa relation esthésique à l’interface comme sur sa perception du monde véhiculé par l’ONG. Les effets des  polarisations plus ou moins négatives ou positives produites lors de l’interaction engagent ou désengagent ainsi l’usager dans cette expérience de vivre un espace responsable dans lequel nous sommes incités à agir pour un mode de vie durable.

Pierre Bourdieu, « Les trois états du capital culturel » in Actes de la recherche en sciences sociales,Vol. 30, ed. L’institution scolaire, 1979, pp. 3-6.

Jacques Fontanille, Pratiques sémiotiques, ed. Presses Universitaires de France, 2008.

Eric Landowski, Les interactions risquées, ed. Pulim, Limoges, 2005.

Nicole Pignier, Benoit Drouillat, Le webdesign, Sociale expérience des interfaces web, ed. Lavoisier, Paris, 2008.

 

 

 

 

 

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