L’aspectualité désigne une des dimensions du discours, et plus précisément, celle qui se construit sur l’écoulement des procès dans le temps. Composante particulièrement importante au cinéma car la durée de l’image y constitue la substance de l’expression. L’objectif de cette recherche, se référant au débat en linguistique, est de reconsidérer, sur la base de l’opposition continu/discontinu et la position de l’observateur, la particularité que les processus de perfectivité, télicité et leur combinatoire manifestent au cinéma. La situation se dessine complexe car il est propre au discours cinématographique de se constituer sur des pans de processus temporels concomitants. L’aspectualité sera alors déterminée aussi bien par des actions en train de se dérouler que par des sentiments et émotions exprimés ou dissimulés, sans pouvoir éviter l’impact des intentions des protagonistes vis-à-vis des buts à atteindre et qui, à leur tour, apportent à la dimension d’aspectualité par l’implication des termes accompli/inaccompli, achèvement/inachèvement et achèvement visé/achèvement atteint. À titre d’hypothèse, nous dirons que l’aspectualité, maniée par le couple informateur/observateur, mais parfois aussi par un performateur, leur offre la possibilité d’ « aligner » le discours en le disposant sur des procès perfectifs se succédant ou, au contraire, de le saturer en convoquant, le temps d’un processus se réalisant, d’autres processus sur mode d’existence potentialisé ou virtualisé.