L’épistémologie de la littérarité fait apparaître un ensemble de traits caractéristiques de ce qui fait d’un texte une oeuvre littéraire. Elle nous oriente vers une théorie de la littérarité au-delà des frontières de la linguistique traditionnelle. L’élaboration du statut sémiotique de la littérarité ne peut être achevée sans l’étude minutieuse d’un corpus. La composition du corpus exige une réflexion du chercheur sur les règles qui le régissent, sa nature, sa taille et peut-être sa finalité.
Il convient donc de définir la notion de corpus et d’établir les différentes représentations et fonctions que peut revêtir le corpus. Est-il préexistant à la théorisation ? Se construit-il au fur et à mesure que le chercheur théorise ? Trop souvent, les thèses exposent des corpus « monolithiques » ; un texte, une oeuvre sans qu’il y ait une véritable adéquation avec l’objet d’étude. Le corpus doit-il être une forme figée, un simple support à partir duquel le chercheur argumente ses cherches ?
A contrario, certains corpus paraissent extensibles, voire indéfinis. Dans ce cas, le corpus apparaît comme une forme mobile, un organisme qui évolue, participe à la théorisation. Il devient parfois objet de frustration quand il faut s’astreindre à le délimiter. Et c’est, sans doute, la vrai difficulté du thésard, du chercheur. Quels sont les critères qui déterminent le corpus et en délimitent les contours ?